Une conférence-spectacle de Claude Alranq
Trois jeunes femmes rentrent par effraction chez un vieux comédien. Il n’a pas d’héritiers mais il a brûlé sa vie sur les planches. Elles n’ont pas d’autres tentations que de rire de tout et de rien, et d’en prendre les risques. De cette rencontre va surgir un pèlerinage baroque à travers l’insolent patrimoine burlesque du Midi... jusqu’au sanctuaire final où va se reposer la question de sa survie : Pour qui ? Pourquoi ? Où ? Comment ?...
C’est à la fois une anthologie sur les traditions festives et comiques du sud-français et une création qui met en scène la transmission du rire : tentation, désorientation, surenchère, critique, rébellion, actualisation...
" GRAND CAPBORD ! " Dans le Sud, la " capbourdise " est le mot le plus fidèle pour évoquer les blagues que retiennent les galejaïres. Elle emprunte beaucoup au monde du Carnaval qui, en Occident, est la matrice la plus féconde de ce phénomène délirant collectif. Capbord réunit 2 mots : " lo cap " (la tête) et l’adjectif " bòrd " qui résume toutes les déviances et tous les paradoxes - péter les plombs - d’un différenciel à la fois civilisationnel, national, sexuel, ethnique, biologique…
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Un universel local Dans les pays d’òc comme dans toutes les contrées du monde, le " vivre-ensemble " a généré des modèles et des contre-modèles civilisationnels. Dans la tradition populaire, les uns comme les autres sont indispensables à la santé mentale collective que les philosophes nomment un " équilibre humaniste ". C’est du côté des contre-modèles que le mot " burlesque " a fait son nid car ils sont comiques, délirants et profanateurs. Ainsi " les clowns " nés dans le giron anglo-saxon de la révolution industrielle ont particulièrement contribué à la définition esthétique du concept " burlesque ". Cependant, c’est au niveau des cultures historiquement menacées* que les expériences burlesques connurent le plus de variations. Les Nasreddin (Moyen-Orient), les KaraKeuse (Grèce), les Eulenspiegel (Germanie), les Arlequin (Italie)… cohabitent avec les Lièvres africains, les Condors amérindiens, les Singes d’Asie au Panthéon des génies " cabourdàs ". Cette tradition universelle n'a pas épargné le Midi. Il a eu et continue à avoir ses fadàs, calucs, paillasses, couillons, brancàcis, foutimàs, aluserpits... Le lexique d'òc a une centaine de mots pour les désigner.
* Les cultures dites minoritaires car en déshérence linguistique ou sociale.
Équipe de création Ecriture, mise en scène : Claude Alranq Jeu : Marie Gaspa, Anna Wasniowska, Perrine Alranq, Dominique Lautré Régie son & lumière : Gaël Rigaud Co-production Théâtre des Origines / Teatre de la Carrièra
Auteur
CLAUDE ALRANQ est un artiste qui a toujours considéré qu'il ne suffisait pas d'écrire, de jouer ou de mettre en scène avec, pour seul mobile, le désir personnel de s'exprimer : « Quoique absolue, cette aspiration n'est pas suffisante en ce qui me concerne. J'ai besoin de faire corps, de faire langue, de faire chemin avec les gens qui partagent une mémoire et un élan vers le futur... » Ainsi il a enraciné son œuvre dans le terroir languedocien, le bilinguisme français et occitan, la chronique des événements passés et présents qui ont fait et qui font date. Il ajoute : « Ce n'est pas un enfermement mais une contribution à l'universalisation du local afin de le dégager des pesanteurs historiques qui le minent... Le local n'est pas le plus bas échelon des valeurs, c'est – à portée de main – ce qu'il nous reste pour agir sur le monde. »
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